Les Juifs ne constituent pas une entité homogène.
La perception commune tend à considérer les Juifs comme un groupe unitaire doté d'une identité culturelle distincte. Cependant, une analyse approfondie confirme et met en lumière un aspect différent, à savoir que les Juifs se présentent sous la forme de plusieurs groupes discordants plutôt qu'un seul ensemble homogène. La similitude entre ces groupes réside principalement dans leur croyance commune en la terre promise et la patrie perdue, formant ainsi le fondement de leur imaginaire commun. En ce qui concerne leur structure et composition, celle-ci se caractérise par une diversité significative.
Abdul Wahab Al-Masri souligne cette réalité dans sa contribution à la question de la personnalité juive. Il affirme que cette dernière émerge de l'interaction entre différents communautés de personnes et un assortiment complexe de circonstances historiques et sociologiques. Cette interaction s'étale sur une période de temps considérable, unique aux Hébreux et indisponible pour les groupes juifs dispersés dans diverses régions, vivant dans des conditions sociales différentes. Par conséquent, il est impératif de s'abstenir de généralisations hâtives et d'abandonner l'utilisation de la formule de personnalité juive. Il propose plutôt de parler des caractères et identités juifs, soulignant que le pluriel ne nie pas les particularités spécifiques à chaque groupe, tout en évitant de postuler l'existence d'une caractéristique essentielle ou universelle inhérente à tous les Juifs.
Malek Bennabi, dans le contexte des limitations cognitives de son époque, s'est également penché sur la question du judaïsme. Il n'avait pas accès aux outils d'analyse contemporains, mais son constat s'aligne sur l'idée que les Juifs ne peuvent être réduits à une seule description, mais plutôt à des figures multiples, comme il le suggère dans les catégories suivantes.
L'image du Juif dans la civilisation occidentale - Pourquoi est-elle ainsi ?
Le Juif cultivé : Son rôle a été central dans la Renaissance, contribuant de manière significative à la civilisation européenne. En tant que figure clé pour briser l'isolement moral, il a joué un rôle essentiel dans la gestion de la vie intellectuelle en Europe de manière indépendante. De plus, il a influencé l'Europe en introduisant l'idée du colonialisme.
Citoyen juif : Participant au processus de la Révolution française et à l'élaboration de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, les Juifs ont contribué dans le cadre d'initiatives visant à éliminer les stéréotypes associés aux esclaves dans le monde.
Le Juif moderne : Évoluant en tant qu'employeur au sein du système social européen, le juif moderne joua un rôle dans les dynamiques sociales, passant de la recherche de l'égalité à l'aspiration à occuper des positions élevées dans la hiérarchie.
Juif orthodoxe : Adoptant une idéologie stricte telle que le marxisme, au vue des résultats du modèle capitaliste perçu comme un moyen inadéquat pour les atteindre leurs objectifs.
Le Juif international : Porteur de l’étendard de la civilisation européenne et rappelant le rôle des Juifs dans la construction des empires coloniaux.
Le Juif qui a jeté le masque : Émergeant du ghetto, de l'ombre, de l'imagination et de la dissimulation, ce Juif déclare sa citoyenneté israélienne et se revendique disciple de l'ère moderne.
Ces classifications, que Malek Bennabi détaillera, représentent le cycle évolutif de la psyché juive, intiment lié à leur cycle historique. L'histoire juive émerge de son appartenance religieuse, exprimant une image de paria dans l'imaginaire de l'humanité, pour évoluer vers l'acte de judaïser toute l'Europe. Trouve-t-elle sa justification dans la nature humaniste de la personne européenne et dans sa perte de dépendance à l'égard d'une identité culturelle claire ? En effet, les Européens cherchent souvent ce qui est utile et esthétiquement agréable. Les Juifs, ayant pris conscience de ces besoins, ont travaillé activement pour les satisfaire, contribuant ainsi à façonner l'identité européenne sous une perspective influencée par la culture juive.
Cette formation n'est pas une simple propagation culturelle ou l'introduction de l'européanisme dans la religion juive, mais plutôt une prise de contrôle des centres du mouvement, en particulier les centres économiques, scientifiques et politiques, afin d'influencer les grandes décisions spirituelles et fatidiques pour l'Europe. Cela reflète également une idée de la plus haute importance ; elle colore le Juif et le façonne en fonction du contexte culturel dans lequel il se trouve. Par exemple, les penseurs et innovateurs juifs ou les personnes d'origine juive apparus tout au long de l'histoire ont fait partie de la formation culturelle ou civilisationnelle des environnements dans lesquels ils sont apparus, à commencer par Philon le Juif au premier siècle avant JC, qui a réuni les deux sources : les Grecs et les Juifs.
Même Jacques Derrida au XXe siècle, né en Algérie et appartenant à la culture française, est un exemple de pluralisme. Bien que caractéristique de nombreuses cultures anciennes et modernes, la situation juive se distingue par l'intensité de son identification avec différents contextes culturels. Il est peu probable qu'il y ait d'équivalents dans le niveau de cette identification dans l'histoire". Cette reconnaissance peut justifier le pluralisme de l'identité juive et ses liens selon le contexte culturel dans lequel elle opère.
En outre, le phénomène juif n'a pas suscité une objection plus importante que celle du dirigeant allemand qui a suscité dans l'âme de son peuple la volonté de mouvement et de vengeance, issue du traité de Versailles de 1919, jugé injuste envers l'Allemagne. Selon Hitler, les auteurs de ce crime étaient les Juifs, et il a cherché à éliminer le phénomène juif en Europe. Il a rejeté l'argent des Juifs offert pour soutenir son parti, et selon Malek Bennabi, l'une des justifications culturelles derrière l'échec de Hitler dans sa guerre contre les Juifs était qu'il utilisait les slogans qu'ils avaient, c'est-à-dire le slogan du racisme et de l'idée coloniale, qui était essentiellement une idée juive.
La profondeur du problème est essentiellement civilisationnelle :
Malek Bennabi confirme que l'horizon temporel auquel il appartient met en lumière les valeurs conjointes du judaïsme, du capitalisme et du colonialisme. La voie sécurisée que voit Malek Bennabi est l'Islam en tant que message global pouvant contribuer au traitement des problèmes mondiaux, car la condition de l'Islam est telle qu'il est une religion capable, dans sa composition, de corriger et de modifier à la fois le capitalisme et le communisme, ainsi que l'axe du racisme et du colonialisme. Ceci vise à prendre le contrôle des Juifs dans la gestion du monde, et ainsi de suite. Nous observons le rôle de l'Islam dans un nouveau monde ; il dépend de sa valeur interne autant que de sa valeur spirituelle et de son efficacité, sur sa capacité à absorber les vestiges d'une époque révolue dans le renouveau de la civilisation humaine.
L'objectif de tout cela est d'atteindre la paix mondiale, car l'âme, dans la joie de ses blessures, recherche l'idée qui la console plus que toute autre chose.
Malek Bennabi relie ce but à la planification des deux types, interne et externe. La première décompose le potentiel de colonisation et travaille à préparer une élite sélectionnée qui reflète les aspects de la structure intégratrice : dogmatique dans la structure de la foi, morale dans les normes de comportement, sociale dans le réseau de communication, puis universelle à l'échelle humaine.
Malek Bennabi aborde la question de l'islam extérieur, notamment européen, où il perçoit une belle nature spontanée, se manifestant dans la rapidité d'initiative et l'innocence d'un enfant : C'est une belle nature, n'est-ce pas ? été déformée par les Juifs. Le projet se caractérise donc par un effort visant à restituer à la langue européenne son originalité et sa spontanéité.
La pensée de Malek Bennabi dans le contexte politique actuel
Dans cette œuvre, Bennabi met en lumière une des failles structurelles du monde islamique : une dépendance envers la logique de l'État moderne, considérée comme un axiome non négociable dans les frontières coloniales qui en résultent, et l'absence d'une action islamique collective authentique.
Il aborde diverses idées liées à l'émergence de l'État sioniste, contextualisant son développement dans le temps et l'espace. Bennabi explore chronologiquement l'évolution de la personnalité juive dans le contexte occidental, mettant en lumière la façon dont les Juifs cherchaient à s'assimiler aux divers contextes culturels dans lesquels ils évoluaient. Il relève également de nombreux événements mondiaux coïncidant avec la proclamation de la création de l'État sioniste, d’où l’importance en tant que référence dans l'étude de cette période historique.
Bennabi analyse la relation des États-Unis avec l'entité sioniste, notant la reconnaissance rapide de cette dernière dès la déclaration de sa création. Il souligne le rôle fondateur historique des États-Unis et de ses alliés dans l'établissement de cette entité usurpatrice, rôle qu'ils continuent à jouer en se présentant comme le garant de sa sécurité. Bennabi insiste sur la peur des États-Unis comme source de l'échec des tentatives de restauration des territoires palestiniens, soulignant la persistance du romantisme envers les Nations Unies malgré les faits avérés.La dépendance des pays musulmans envers cette équation, selon Bennabi, reste une des principales causes des événements actuels à Gaza et en Palestine.
Parmi les aspects soulignés par Bennabi figurent l'importance de l'alliance avec les peuples libres du monde, la problématique de l'isolement entre les sociétés musulmanes et la nécessité d'une pensée politique permettant des alliances pour atteindre des objectifs communs, sans compromettre les principes fondamentaux. Une lacune persistante dans nos sociétés, tant au niveau politique qu'intellectuel.
Bennabi, dans sa présentation, met en avant l'importance des institutions à vocation stratégique, soulignant la nécessité de les ancrer dans des idées pour assurer leur survie. Les institutions dépourvues de fondements idéologiques sont condamnées à l'extinction.
Il explique que l'hostilité occidentale envers l'islam résulte de l'influence du lobby sioniste dans ces sociétés, présentant les sionistes comme les sauveurs de la civilisation européenne après les guerres mondiales. Ce lobby déforme délibérément l'image des musulmans et des Palestiniens, les dépeignant comme des ennemis barbares à éliminer.
Bennabi perçoit dans les événements récents autour d'Al-Aqsa un début de déconstruction de ce récit, incitant certains membres des sociétés occidentales à remettre en question ce stéréotype et à en révéler la fausseté. Le matériel médiatique fourni par les résistants contribue largement à mettre en avant la pureté de l'islam, demeurant fidèle même dans les moments les plus sombres à ses préceptes et directives, que ce soit dans le traitement des prisonniers ou dans toute la littérature sur la guerre, les combats et le jihad.
Dans sa présentation, Bennabi insiste sur l'importance des institutions stratégiques et sur la nécessité de les fonder sur des idées pour assurer leur pérennité. Il cite un passage éloquent de son ouvrage Le problème des idées dans le monde islamique, soulignant les erreurs dans l'approche des sociétés musulmanes face aux mouvements de libération et révolutionnaires. Bennabi appelle à une renaissance intellectuelle, à un retour de l'autorité des idées dans notre culture, mettant en garde contre la soumission intellectuelle qui a caractérisé notre pensée. Il espère que les idées trahies se vengeront d'elles-mêmes.
En conclusion, le monde post-déluge d'Al-Aqsa sera différent de celui d'avant, et selon Bennabi, il n'y aura pas de place pour Israël dans le monde à venir. Il exhorte à la victoire du peuple à Gaza et en Palestine, aspirant à ce que les objectifs stratégiques du déluge d'Al-Aqsa soient atteints. Que Dieu accorde à Bennabi sa miséricorde et le récompense pour avoir porté les préoccupations de sa nation, contribuant par la diffusion de ses idées à l'émancipation de cette nation de l'emprise du colonialisme ancien et moderne, et à sa libération des chaînes de la colonisation.
En ces jours cruciaux pour notre nation, nous invoquons la victoire pour notre peuple à Gaza et en Palestine, que le déluge d'Al-Aqsa atteigne ses objectifs stratégiques. Croyons en Sa justice, si nous sommes croyants.
Khaled Boulaziz
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